Le texte en latin reproduit par Justel :
« Regiam condecet celsitudinem, ut cum regna et dominationes nobis a Deo datae sunt, eius ministris qui pro nobis exorant, terrenos fevores ampliemus. Itaque ego RODULPHUS gratia Dei Francorum, Aquitanorum et Burgundiorum Rex, invictus, pius, inclitus et semper augustus, considerans, quoddudum landabilis et fidelis noster ADEMARUS COMES IN PARTIBUS CADURCORUM, cum legitimam prolem non haberet, quam plurimas ditionis sub suae terras monachis in Tutellensi coenobio seruientibus, pro remedio animae suae contulisset et inter praecipuas VEIRACUM, MAYROMAM et V VOGAIRONUM in qurum vicinis, scilicet in podio vocato Uxelloduno, ubi olim ciuitas Romanorum obsidione nota, Castrum a praedecessoribus nostris, ob eminentiam loci, aduersus Normannorum incursus, Lemouicinum, et Petragoricensem Pagos deuastarent, constructum fuisset. Nunc vero milites extra munitionem diuagantes, loca monachis destinata oprimerent. Cum autem ad plenum regnemus, et tam Gothi quam Aquitani nostro subiaceant sponte principatui, religioni seruire, non autem in seruitute detinere proponimus et loca probis hominibus mancipata sprciali mundiburdio roborare. In manibus igitur venerabilis Odonis ipsius monasterii Abbatis, ipsum Castrum et podium UXELLODUNO nominatum, situm in orbe Caturcino, cum terris adiacentibus, Deo et sancto Martino Tutellae Tradimus, in tali conuenentia, ut ipsum castrum euertatur, nec inposterum cuipiam redidificare liceat, ne donum nostrum audacibus loci praesidio, confidentibus tribuat rebellandi facultatem. Hanc autem nostram cessionem facimus, in remisionem peccatorum nostrorum, et retributionem foelicis euentus, quem nobis Deus de inimincis nostris hactenus praestitit. Qui contra ire tentauerit, imprimis iram Dei omnipotentis, pro cuius amore ista facimus, consequatur, et Comes, et Vicarius, et quiuis alius judicarias potestate praeditus, judicium de ipso strite sumat. Monachi vero eidem monasterio famulantes, pro nobis et coniuge nostra EMMA, seu pro stabilitate totius Ecclesiae, Dei clementiam exorent. Et ut haec praeceptio firmior habeatur, manu proprio subtersignauimus et annuli nostri impressione obsignari jussimus. S. RODULPHI glorisissimi regis, S. Bosonis, S. Hugonis, Gottfredus sacerdos ad vicem Ancigisi Episcopi recognouit et subscripsit. Actum apud Attiniacum, idibus septem. indict. VIII, anno incarnat. Domini DCCCCXXXV regnivero RODULPHI gloriosissimi IX. » |
Extrait de la traduction de l’abbé Edmond Albe :
« Il est convenable, pour la dignité royale, puisque Dieu nous a donné le trône et le pouvoir, que nous fassions profiter ses ministres, lorsqu'ils nous le demandent, de quelques faveurs terrestes. C'est pourquoi, moi, Raoul, par la grâce de Dieu roi des Francs, des Aquitains et des Burgondes, invincible, pieux, illustre et toujours auguste, considérant que notre fidèle et digne d'éloges Adhémar (11), comte dans la région des Cadourques, n'ayant pas de descendance légitime, avait donné, pour le salut de son âme, de nombreuses terres en sa possession aux moines qui servent Dieu dans le monastère de Tulle, et parmi les principales Vayrac, Mayronne et le Bouygayrou, dans le voisinage desquels, à savoir sur un pech appelé Uxelloduno où fut autrefois une ville célèbre par le siège des Romains, avait été bâti, à cause de la haute position du lieu, un fort destiné à défendre contre les incursions de Normands les pays de Périgord et de Limousin qu'ils ravageaient ; mais que, de nos jours, les soldats de ce fort sortant hors de leurs murailles dévastaient les lieux appartenant aux dits religieux, nous proposons, maintenant que régnons sans conteste, que Goths et Acquitains se sont soumis spontanément à notre suzeraineté, de nous rendre utile à la religion, au lieu de la soumettre à notre domination, et de protéger d'une protection toute spéciale des bien appartenant à des homme excellents (probis hominibus). Nous livrons donc à Dieu et à Saint-Martin de Tulle, entre les mains du vénérable Odon, abbé dudit monastère, le fort et le pech appelé Uxellodunum, situé en territoire cadurque, avec les terres adjacentes, à la condition que le fort sera rasé et qu'on ne pourra jamais le reconstruire, de peur que notre donation ne fournisse à des audacieux, confiants dans la force de ce lieu, l'occasion de se révolter ! Nous faisons cette donation pour la rémission de nos péchés et en reconnaissance des succès que Dieu nous a fait remporter sur nos ennemis. Celui qui tentera d'aller contre notre volonté encourra la colère de Dieu tout-puissant, pour l'amour de qui nous faisons cette donation et nous voulons que le premier de nos officiers, quel qu'il soit, revêtu de la puissance judiciaire, comte, viguier ou autre, fasse de lui sévère justice. Nous demandons que les moines qui servent Dieu dans ce monastère invoquent la clémence de Dieu pour nous, pour notre épouse Emma, pour la tranquillité de l'église. Et pour que notre ordonnance ait plus de force, nous l'avons signée de notre propre main et marquée de l'impression de notre anneau. Seing de Raoul, roi très glorieux ; s. de Boson, s. d'Hugues. Le prêtre Godefroi, à la place de l'évêque Ansegise a fait la reconnaissance de cette charte et l'a souscrite. Fait à Attigny, aux ides de septembre, indiction VIII, l'an de l'incarnation du seigneur DCCCCXXXV (en l'année 935), l'an IX (12) du très glorieux roi Raoul. » |