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Le siège d'Uxellodunum d'après les textes antiques...


6   LES FORCES EN PRESENCE


Les évaluations ci-dessous sont proposées en 2002 par Jean-Pierre Girault, responsable des fouilles, avec la collaboration de Guy Maynard pour les animaux lors du siège d’Uxellodunum.


Les forces gauloises


Les Gaulois battus sur la Loire, du côté de Saumur (?) ou des Ponts de Cé (?), ont péri en grand nombre : 12.000 selon Hirtius (8/29). Environ 2000 à 5000 (50) se sont ralliés à Drappès qui avait l'intention d'envahir la Province (VIII, 30).


Rien ne nous indique que l'armée de Drappès soit constituée uniquement des fuyards de l'armée de Dumnacos. En effet, le début du chapitre (8/30) mentionne que, depuis le début du soulèvement, il s'est déjà adjoint à Drappès des "gens sans aveu, des bannis, des esclaves et des voleurs". Les fuyards de l'armée de Dumnacos pourraient venir compléter cette troupe.

Aucun texte ne précise le total des effectifs. Lorsque les Gaulois partent pour l'opération de ravitaillement, il ne reste que 2000 hommes sur l'oppidum (8/34). Si on considère que Drappès avait 2000 à 5000 hommes, on peut admettre que Luctérios de son côté avait enrôlé au moins 500 à 1000 hommes.
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L'évaluation approximative de la répartition des troupes gauloises sur l'oppidum et à l'extérieur serait de:

  • 2000 hommes en armes restés sur place dans l'enceinte de l'oppidum. à ce nombre on peut rajouter les oppidani (B.G. : VIII, 33), dont le nombre était certainement non négligeable. En effet l'oppidum est un lieu d'habitation pour un petit nombre de personnes : il sert de refuge à la population environnante. Dans ce décompte, il faut donc ajouter des hommes et des femmes qui peuvent aider au combat et aux corvées soit en jetant des rochers ou des pierres, soit en combattant directement. Ainsi les Gaulois, pouvaient avoir 2700 combattants au sens large du terme ?
  • 500 à 4000 hommes, en armes, partis au ravitaillement avec Drappès et Lucterios. Caninius envoie vers le camp de Drappès toute la cavalerie et les fantassins Germains. Ce n'est donc pas 500 soldats qui se promènent en Quercy !
Camille Jullian estime (52) que "les chefs gaulois amenèrent 2500 hommes à Uxellodunum". Or ils en laissèrent 2000 dans la place quand ils partirent pour la ravitailler. Ils n'auraient donc disposé que de 500 hommes des leurs pour assurer la garde du camp de Drappès et la sécurité des convois de Lucterios.

J.-B. Cessac (53) dit : " je crois ainsi être dans le vrai en portant à cinq ou six mille hommes l'effectif des troupes légères allant en fourrageurs. Celles-ci disparus de la scène, après deux rencontres fatales, je croix pouvoir taxer encore à dix ou onze mille la population obsidionale permanente ou accidentelle, parmi laquelle le tiers ou le quart concourut, avec la garnison, à la défense d'Uxellodunum."

Emile Albouy (54) estime à environ 5000 hommes le nombre de combattants qui entrèrent dans Uxellodunum.

Lors de la guerre des Gaules, dans les forces Gauloise (55), il n’y a pas d’armée, mais la réunion de contingents envoyés par différents peuples et commandés par leurs propres chefs. Au sein de ces contingents, la fine fleur était constituée par la cavalerie : les nobles gaulois sont appelés par César les equites (chevaliers-cavaliers), eux-mêmes combattant à cheval et s’entourant de « clients-cavaliers ». César nous apprend que, pour pallier la petite structure des chevaux indigènes, ces nobles achetaient « à n’importe quel prix » des montures étrangères. Ils portaient casques à couvre-joues (paragnathides), cottes de maille, boucliers. Leurs armes offensives étaient la lance et la longue épée. Cette cavalerie, de par son caractère aristocratique, jouissait d’un haut niveau et d’un excellent entraînement.

Il en était tout autrement des fantassins, recrutés parmi les travailleurs ruraux le temps d’une campagne ou d’une expédition, et renvoyés ensuite dans leurs champs. Pas d’entraînement régulier, une expérience souvent limitée. Les chefs devaient leur fournir l’équipement et leur octroyer une solde. Ils étaient armés d’un javelot et d’une épée, mais on connaît moins bien leur équipement défensif, à part le grand bouclier oblong avoisinant la hauteur d’un homme.

Quelles que fussent leur vaillance et leurs qualités physiques, ces fantassins ne pouvaient rivaliser avec une armée régulière bien entraînée.

Les troupes romaines


A la fin du siège, les effectifs des troupes romaines autour d'Uxellodunum s'élevaient à six légions et demie :
  • les deux de Caninius (VIII, 30)
  • les deux et demie de Fabius ou 25 cohortes (VIII, 37 et VIII, 24)
  • les deux de Calénus (VIII, 39)
Il est généralement admis que l'effectif théorique d'une légion est de 4000 hommes. En fin de campagne les effectifs sont donc plus faibles, soit environ 3000 hommes (56). Cela fait au total approximativement 21000 hommes.

A ces chiffres, il faut ajouter les cavaleries (VIII, 28 ; VIII, 36 ; VIII, 39), les fantassins germains ou numides de Caninius employés comme troupes auxiliaires (8/36), les archers crétois et les frondeurs des Baléares (8/40).

L'évaluation de l'ensemble des troupes qui assiègent Uxellodunum se situerait autour de 30000 combattants. Mais, si l’on veut évaluer les effectifs réels du “ corps expéditionnaire ”, il faut certainement doubler ce chiffre, pour tenir compte des accompagnateurs de toutes sortes : esclaves(57) (VII, 89),           " valets " s’occupant des bagages, des bêtes de somme transportant ceux-ci ou tirant les machines de guerre.
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D'après Alain Deyber (58), l'Exercitus césarien employait de très nombreux auxiliaires, c'est-à-dire des contingents non légionnaires composés de soldats qui n'étaient pas citoyens romains, des individus originaires pour la plupart du bassin occidental de la Méditerranée : archers crétois, frondeurs baléares et peut-être numides, cavaliers et fantassins légers numides et germains. Il y eut aussi des Gaulois engagés pour une campagne ou en vue d'accomplir une mission bien définie : on songe aux nombreux guides, éclaireurs, interprètes, courriers, messagers dont l'armée ne pouvait se passer dans un environnement hostile. Le seul ressort de ces troupes professionnelles était "l'espoir du butin".

Ces formations plus ou moins organisées étaient commandées par leurs chefs traditionnels, habillées et équipées selon leur mode nationale. Si elles observaient dans l'engagement la tactique de leurs employeurs, dont elles devaient posséder au moins les rudiments afin de ne pas se trouver à contre-courant et de faire échouer la manœuvre, elles n'en combattaient pas moins selon leurs techniques propres et leurs armes personnelles.

Les légionnaires constituent l’infanterie lourde. Ils portent un casque très simple, une cotte de mailles et un bouclier ovale. Leurs armes offensives sont le javelot (le pilum), une épée ou un poignard pour le corps à corps. La légion dispose de sa propre artillerie, diverses machines lançant des pierres (baliste) ou des traits (catapultes). Elle comporte en son sein des spécialistes du « génie », et le légionnaire peut se transformer en bâtisseur, en charpentier, en bûcheron, voire en fabricant d’armes !
Lorsque l’armée romaine est en campagne, il faut chaque soir établir et fortifier un camp. à d’autres moments, le légionnaire peut être envoyé couper le blé dans les champs ou faire du fourrage.

La légion est divisée en dix cohortes, chacune comprenant six centuries. à la tête de chacune de ces dernières, se trouve le sous-officier « de base » : le centurion, qui, sorti du rang, pouvait progresser jusqu’au commandement de la cohorte, et, pour les meilleurs d’entre eux (les « primipiles), participer aux réunions d’état-major. Parmi les officiers, on distingue les  tribuns, issus de la classe équestre, normalement affectés à l’encadrement de la légion, les préfets exerçants des tâches administratives et - très exceptionnellement - le commandement de la flotte ou de la cavalerie. Enfin, les légats - issus de la classe sénatoriale- sont des collaborateurs directs du proconsul qui leur confit toute tâche d’ordre administratif (maintenir l’ordre dans une région) ou militaire.
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L’armée romaine était donc structurée, entraînée et expérimentée. à la fin de la guerre des Gaules, l’armée romaine comprenait 12 légions, donc plus de la moitié des légions était à Uxellodunum.


La vitesse de déplacement des Gaulois et des Romains


De par leur mode de recrutement ou leurs habitudes, fantassins gaulois et romains ne pouvaient pas atteindre les mêmes vitesses de déplacement en campagne, bien que l'Antiquité soit basée sur une civilisation piétonnière. La capacité théorique de déplacement d'un piéton portant une charge de 30 à 35 kg sur le dos était de 30, voire 45 km dans une journée. Mais il faut distinguer la capacité théorique, le trajet effectuable par un piéton libre de ses mouvements, de celle d'une troupe ralentie par ses impedimenta.

D'après Goudineau (59) : " Dans l'armée de César, en théorie, les trajets étaient réglementés : la distance journalière normale ne devait pas dépasser 15 km, elle était doublée en cas d'urgence et les 30 km s'accomplissaient normalement en cinq heures dans de bonnes conditions. César fit faire davantage à ses troupes et lui-même insiste souvent sur sa celeritas et celle de son armée, qui lui permirent de surprendre plus d'une fois ses adversaires."

D'après l'Histoire universelle des armées (60) : "Les Légionnaires se déplaçaient généralement en colonne par dix (par conversion des manipules à droite et à gauche). Parfois si le terrain le permettait, ils marchaient en colonnes parallèles pour être toujours prêts au combat. Une armée de plusieurs légions se déplaçait toujours avec une avant-garde et une arrière garde, composées de cavaliers et d'auxiliaires. Le "gros" était composé des légions ; derrière chacune d'elles, les bagages suivaient immédiatement. L'étape journalière était de vingt-quatre kilomètres (six-lieues). En cas d'urgence, les légionnaires étaient allégés et couvraient, dans la journée, de trente à quarante kilomètres. Le légionnaire se déplaçait avec tout son armement, son équipement (gamelle, écuelle, partie de tente) et portait jusqu'à quinze rations journalières de vivres, 850 grammes de blé, 150 grammes de lard, 20 grammes de fromages et un peu de vinaigre. Au total, par jour : jusqu'à 40 kilos de bagages (impedimenta)."

Cicéron (61) nous donne un texte explicite qui concerne le paquetage du soldat : " Vous voyez que de peine, que de fatigues dans ses déplacements (...) Le soldat doit porter des vivres pour plus de quinze jours, porter tout ce qui doit lui servir, porter un pieu pour la palissade. Le casque, le bouclier, l'épée, nos soldats ne les comptent pas plus en poids que leurs épaules, leurs bras, leurs mains - ne dit-on pas que les armes sont les membres du soldat? "

Les légionnaires étaient des professionnels soumis à des règles strictes. Les Gaulois en armes restaient un rassemblement hétéroclite de miliciens dont l'indiscipline et les querelles personnelles obéraient l'efficacité dont ils pouvaient intrinsèquement faire preuve. Le déplacement programmé, hors de toutes contraintes circonstancielles urgentes comme la retraite précipitée devant un ennemi supérieur en nombre, devait être chaotique. Le projet de Drappès de descendre vers le sud pour ravager la Province s'inscrit dans la logique des voyages de longue durée qui requièrent une indispensable cohérence dans leur déroulement.

Le fait qu'après plusieurs jours de voyage, les Gaulois de Drappès et Lucterios aient envisagé de se réfugier dans un oppidum démontre que la vitesse de progression des troupes de Caninius était supérieure. Certes, les légionnaires plus disciplinés devaient marcher durant un nombre d'heures important, mais le transport des bagages par des bêtes de somme et non des chariots attelés de bœufs représente l'essentiel des avantages en vitesse de déplacement. On peut également évoquer la présence de nombreux esclaves, qui devait permettre de soulager la charge du soldat romain. Ce qui explique que les Gaulois, se sentant serrés de près, durent se réfugier dans un oppidum.

Chaque jour voyait diminuer la distance entre les deux armées. Ainsi les éléments d'exploration et de protection aux extrémités de chaque colonne, en principe des cavaliers, ont pu mutuellement s'observer dès leur entrée chez les Lemovices. Les chefs gaulois ont dû en tirer les conséquences.

L'armée de Caninius comportait, compte tenu de pertes possibles durant la campagne précédente, environ 12000 piétons, soit 6000 fantassins plus l'accompagnement habituel d'ouvriers spécialisés, d'esclaves, etc. ; 500 cavaliers ; 2000 à 2500 bêtes de somme (les jumenta) . Des chariots transportaient les pièces d'artillerie démontées, les matériels divers (forges, outils, moulins à bras, etc...). L'ensemble pouvait s'étendre sur environ 15 km.

La longueur d'une colonne gauloise de 1000 piétons sur un chemin permettant le passage d'un chariot est de 0.50 m (profondeur occupée par un piéton chargé ) x 500 (2 files) ou 333 (3 files) soit 170 à 500 m. Le train peut être assuré par une trentaine de chariots (capacité 300 kg ?), soit 30 x 10 m = 300 m. En incluant des intervalles de sécurité entre les diverses catégories de voyageurs, la colonne pourrait occuper, à condition de respecter l'ordre de marche, un espace linéaire de 8 à 900m.

La cavalerie, estimée à 500 unités, occupe un espace de 750 à 1500 m selon la largeur du chemin (un rang ou deux rangs d'une troupe de cavaliers) .

Ainsi la petite armée de Drappès et Lucterios pouvait, selon les effectifs, s'étirer sur 2 à 3 km pour 2000 hommes, 4,5 km à 6 km pour 5000 combattants. La présence non évoquée dans les textes, mais envisageable, de femmes (10 %) et "civils" (20%) pourrait avoir accru cet espace de 30%.

Les armées en fonction de leurs importances et afin d'éviter les dangers et inconvénients de colonnes trop étirées étaient amenées à se déplacer sur un front plus large. Le maréchal de Puységur (65) note : "Les grandes armées sont obligées de marcher sur un grand nombre de colonnes, sans quoi elles n'avanceraient pas, et elles tiennent dans leur marche 4 ou 5 lieues d'étendue".

Si les bœufs tracteurs étaient forcés à accomplir un déplacement prolongé, l'épuisement qui en résultait pouvait être pondéré par un remplacement quotidien des attelages. Les animaux les plus éprouvés devaient être destinés à la boucherie. Les bovinés fournissaient donc énergie et nourriture. Ces animaux étaient autochtones, achetés, réquisitionnés ou fournis à la troupe par leur propriétaire.
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Chèvres et moutons circulant avec les colonnes sous la conduite de bergers ont une vitesse de déplacement telle que hors de pauses destinées à les faire pâturer, ces animaux sont capables de longs trajets à une cadence soutenue, semblable à celle d'un piéton entraîné.

Un cheval avec son cavalier peut parcourir 50 km par jour minimum (9km/h) au maximum 80 km. Cette capacité est un ordre de grandeur que le relief, l'importance de la charge peuvent sensiblement modifier. En effet, l'évaluation de cette performance s'applique à un cavalier et son équipement représentant un poids total de 80 kg.

Un chariot tiré par des bœufs peut parcourir quotidiennement
2,5 km/h x 10 = 25 km.  Les mêmes remarques que pour le cheval s'appliquent aux chariots que l'état du chemin, un relief accentué, une surcharge, une fatigue excessive peuvent ralentir sensiblement.

LES ANIMAUX LORS DU SIEGE D'UXELLODUNUM

Jusqu'à ce jour, la présence des animaux a été éludée dans le dossier d'Uxellodunum. Ils représentent pourtant un élément important tant par la nourriture potentielle qu'ils constituent que par la place qu'ils pouvaient occuper.

Deux groupes d'animaux sont à prendre en compte : ceux qui accompagnaient l'armée gauloise, et ceux des populations locales réfugiées dans l'oppidum. Le site devait donc être suffisamment vaste pour les accueillir et offrir des pâturages toute l'année, ce qui est vrai pour le Puy d’Issolud.

Pour appuyer les développements ultérieurs concernant ce sujet important, l'estimation paraissant logiquement la plus basse a été retenue.

Les animaux dans l'armée de Luctérios et Drappès


Pour ses bagages, ses réserves de vivres, l'armée gauloise utilisait des chariots tirés par des bœufs. Les chevaux et les mulets pouvaient également transporter une partie de ce qui était nécessaire à la subsistance des soldats. Compte tenu des estimations d'effectifs, 1000 chevaux voisinaient avec 4 à 500 bœufs et une centaine de mulets. 2 ou 300 moutons ou cochons constituaient la réserve et la fourniture quotidienne de nourriture.

Les ressources animales de l'oppidum


A l’approche des Romains, les Cadurques des environs durent conduire la totalité de leurs troupeaux à l'abri. La perspective du siège devait étendre la crainte à un voisinage éloigné. Chacun devait connaître cette pratique de réquisition, euphémisme désignant le pillage contrôlé, qui permettait à l'armée d'occupation de s'approvisionner. Aucun texte ne nous fait connaître si ce mouvement de protection des biens affecta les autres oppida de la région(66).

Les animaux accueillis sur Uxellodunum devaient être au minimum de 500 bœufs, 200 moutons descendus des plateaux, 100 chèvres et autant de cochons, une cinquantaine de chevaux et quelques mulets.  A ce cheptel se sont donc ajoutées les bêtes convoyées par les insurgés. Le nombre total d'animaux pourrait être au moins de 600 bœufs, 500 moutons, 100 cochons, 100 chèvres, 50 chevaux. La distorsion apparente entre le nombre total de bovinés présents au moment de l'arrivée de l'armée gauloise et le nombre retenu pour le siège tient au fait que pour collecter le blé, il fallait des chariots et donc des bœufs et autres bêtes de somme (chevaux ou mulets de bât) pour les tirer ou les transporter.

Le Puy d'Issolud représente intrinsèquement une capacité de pâturage qu'en une période de dévolution militaire du site, il est difficile d'apprécier. Même si l'oppidum, n'était que peu habité, les résidents permanents devaient avoir mis en culture les terres favorables, comme la Combe Noire. Entre le système de fortifications, les habitations et bâtiments de maintenance et les surfaces cultivées, on peut estimer que les zones pâturables s'élevaient à 40% de la surface du plateau soit environ 30 ha.

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En revanche, la pratique de nourrissage des bovins au moyen de branches d'arbres durant les périodes où le foin venait à manquer ne peut être invoquée : les flancs des oppida, pour des raisons militaires évidentes, étaient débarrassés de leur couvert végétal. Quel était le nombre d'arbres subsistant sur le plateau même ? La construction, la restauration des maisons se faisait logiquement au moyen d'arbres abattus dans le voisinage. Et les prélèvements de basses branches et de baliveaux pour alimenter les foyers étaient quotidiens.

Les bœufs gaulois étaient notoirement plus petits que les bœufs romains. Ceux-ci étaient plus proches du gabarit des bovinés contemporains. Le boviné gaulois était 25 % plus petit que son équivalent transalpin. Sa capacité musculaire était à la mesure de cette taille. Les chariots devaient donc soit porter des charges moindres, soit être attelés de deux ou trois paires de bœufs, d'autant que le poids du véhicule avec ses roues pleines devait représenter un handicap.


LES SUBSISTANCES


Les rations animales journalières


Ces rations représentent une quantité "normale", ordinaire, qui permet à l'animal sinon de prospérer, tout au moins de se maintenir au même niveau de poids, au même état physique permettant de fournir une capacité courante de traction.

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Le fait que les animaux soient concentrés dans des parcs peut avoir une incidence sur la consommation d'eau : minorée si les bêtes bougent peu et sont abritées du soleil ; majorée si elles sont exposées à la grande chaleur. Le déplacement contraint à des abreuvages plus abondants. A fortiori durant les chaleurs de l'été.


Les rations pour les gaulois et les romains (68)

Côté romain

Un homme consomme au minimum 2 litres d'eau/jour, soit pour la boisson, soit pour la cuisine.

La ration comporte environ 750 g. de farine/jour/homme : soit pour 1000 hommes, 750 kg de farine. Il faut ajouter la viande, du fromage, de l'huile que le légionnaire romain accommode lui-même car il n'y a pas de cuisinier. Le poids de la ration atteint 1 kg/personne/jour (Goudineau, 1992, p 242). Mais la réserve de blé doit être incluse dans le charroi car le volant de sécurité doit inclure au bas mot une semaine de nourriture (soit 1600 mulets chargés à 75 kg).

D'après Eric Muraise (Introduction à l'Histoire Militaire, p. 190 et 191) : " Le légionnaire au 1er siècle avant J.-C. portait dix-sept jours de blé sur lui et le convoi de légion en ajoutait trente.

En cas de guerre, la ration se réduisait à 0,500 kg (au lieu d'un kg) pour l'homme, et à 6 kg pour le cheval (au lieu de 12 kg).

Le convoi maximum pour une légion de 3900 hommes, représente 115 tones de vivres et bagages couvrant 30 jours."

Côté Gaulois

Un bœuf gaulois pourrait nourrir 400 personnes compte tenu de son poids et des normes en usage dans l'armée. Mais les Gaulois étaient considérés comme les plus gros mangeurs de viande du monde antique. Le bœuf sera donc considéré comme nourrissant 300 personnes/jour.

Au bout de 15 jours de siège (?), les bœufs ayant le plus de difficultés à survivre dans un contexte de disette auront été sacrifiés. Mais cet abattage ne signifie pas une consommation immédiate de la viande. En raison de la grande quantité d'eau indispensable pour abreuver les animaux, l'abattage des bœufs a dû rapidement s'imposer. Toutefois, la viande pouvait être conservée par la salaison que les Gaulois maîtrisaient bien, ou le fumage.

Au bout d'une trentaine de jours, les moutons et chèvres sont abattus à leur tour. Ces animaux, d'un gabarit semblable, peuvent fournir 60 rations/jour. Le nombre d'animaux à abattre est (compte tenu des pertes humaines possibles) de 70. Du nombre évalué de 600 ovicapridés, on obtient 8 jours de nourriture carnée.

Restera alors le cheptel porcin. Un cochon antique, plus petit que nos produits de sélection, pouvait fournir 80 rations/jour, soit un peu plus d'une journée de rations. Remarquons toutefois que cet ordre d'abattage n'est qu'une extrapolation logique des capacités animales à résister aux conditions de survie : le mouton, la chèvre, le porc sont moins exigeants en eau. Ils se contentent d'une nourriture plus pauvre. Les chèvres accomplissent des acrobaties pour atteindre la moindre pousse en des lieux escarpés. En résumé, les bovinés, réputés moins rustiques, devaient être les premiers sacrifiés.

Le cheptel total représente donc, en théorie, sans réduction des larges rations gauloises coutumières, 44 jours de viande. Mais la perspective d'une disette a dû encourager les chefs à minorer le poids de la viande quotidienne, peut-être d'un tiers, ce qui augmenterait la durée de fourniture carnée à 58 jours.

La consommation d'eau


Un homme consomme au minimum 2 litres d'eau/jour, soit pour la boisson, soit pour la cuisine.

En fonction de la population réfugiée et de la garnison formée par des arrivants, la consommation humaine(69) peut correspondre à 4500 x 2 = 9000 litres d'eau. Cette ration peut être diminuée d'un demi-litre, ce qui réduit la quantité minimum de 2250 litres.

Au début du siège, la consommation animale d'eau peut s'élever à 10600 litres d'eau. Les animaux peuvent être conduits en plusieurs lieux d'abreuvage, cours d'eau, sources, puisque les travaux de circumvallation sont à peine commencés. Puis l'enclos s'est fait de plus en plus oppressant. L'accès aux divers points d'approvisionnement en eau s'est réduit, puis résumé à la source.

La corvée d'eau induite, lors de la fin du siège, représentait donc une nécessité théorique de 9000 + 10600 = 19600 litres avec un minimum de 17350 litres.



La corvée d'eau induite, lors de la fin du siège, représentait donc une nécessité théorique de 9000 + 10600 = 19600 litres avec un minimum de 17350 litres.

De cette quantité, il faut retrancher au fil des jours :

1- la part d'animaux consommés quotidiennement.
2- la part d'individus tués au combat, estimée à 300 personnes, c'est-à-dire 600 litres de moins.

Au bout de 48 jours, tous les bœufs ayant été consommés, la charge en eau se réduit sensiblement :
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La réduction des besoins en eau est donc de 49%, soit une nécessité d'approvisionnement quotidienne minimum de 10 m3. Les outres en peau de chèvre contiennent environ 15 litres d'eau. En maintenant la même consommation, la fourniture d'eau correspond donc à 700 charges.

L'approvisionnement en eau : ressources en eau et circumvallation


Les Commentaires indiquent qu'à l'origine, les assiégés bénéficiaient de plusieurs lieux d'approvisionnement en eau.
Il est dit en particulier que grâce au fait que la circumvallation n'avait pas été achevée, il était possible d'accéder à la rivière.

Cette question cruciale de l'eau est donc étroitement liée à l'avancement des travaux de siège. Ses péripéties finales, tout en représentant le deus ex machina qui met fin au conflit, ne représentent qu'un part des opérations militaires concentrées sur une petit nombre de jours. La réalisation de palissades et fossés pour cerner hermétiquement les insurgés représente au contraire une œuvre de longue haleine puisqu'elle semble durer au moins trente jours.

Où un chef militaire décidait de commencer une circumvallation?  Là où ces travaux étaient militairement le plus efficaces tout en étant réalisables dans des conditions telles que les ouvriers ou soldats ouvriers soient à l'abri d'une contre-attaque meurtrière. La notion d'efficacité s'applique d'abord à l'implantation de camps fortifiés, de points d'appuis, de postes d'observation.

Puis l'assiégeant se consacrera à l'interruption des moyens de communication principaux : les chemins carrossables. Enfin joignant, peu à peu les ouvrages déjà réalisés, le maître d'œuvre assurera la fermeture définitive de l'ensemble.


Il est évident que la durée de réalisation d'une circumvallation est fonction de la grandeur de l'oppidum à enclore, des conditions générales d'approvisionnement en matériaux et des facilités de déplacement de ces matériaux.

Quelle que soit la source et le lieu où l’on place Uxellodunum, le harcèlement des Romains rendait périlleux l'accès à la source. Le défilement à l'aube et à la tombée de la nuit offrait une meilleure sécurité. La corvée partagée en deux séances représentait cependant 700 passages sur le sentier d'accès, une procession continue de porteurs d'eau. Des aménagements destinés à permettre un défilement face aux tirs d'interdiction paraît indispensable. Ces aménagements pouvaient être des murs et des palissades, ou des sections de murs et de palissades derrière lesquelles les hommes de corvée pouvaient s'abriter, puis sortir inopinément, courir jusqu'au prochain refuge, et enfin accomplir leur mission : remplir leur outre, ou la remettre aux assiégés chargés de la distribution. Si un tel dispositif de protection n'avait pas été installé, l'accès à la source eut été gravement troublé par les tirs d'interdiction en provenance de la tour d'assaut. Et réduire sensiblement l'approvisionnement en eau eut également réduit la longueur du siège. Or il fallut recourir au captage, donc à une sorte d'astuce pour supprimer l'accès à l'indispensable liquide. Cela prouve que les Gaulois chargés de la corvée d'eau pouvaient accéder à la source en supportant des risques, bien entendu, mais des risques minimes. Le contraire eut clos rapidement le siège.

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